André-Marie MBIDA est né le 1er janvier 1917 à Endinding (Cameroun) et mort le 2 mai 1980 à Paris (France). C’était un homme d’État camerounais, nationaliste, pragmatique, premier camerounais natif à être élu député à l’Assemblée nationale française, Premier ministre du Cameroun, deuxième Premier ministre africain natif dans le continent noir, Premier chef d’État du Cameroun autonome d’expression française du 12 mai 1957 au 16 février 1958 et premier prisonnier politique du Cameroun indépendant (du 29 juin 1962 au 29 juin 1965).
Issu de la région de Nyong et Sanaga au Cameroun, André Mbida, après avoir fréquenté l’école primaire d’Efok poursuivit ses études au petit séminaire d’Akono de 1929 à 1935, où il exercera par la suite comme professeur de mathématiques et de latin, puis au grand séminaire de Mvolye de 1935 à 1943. Dans cet établissement, il s’initie à l’étude de la philosophie et de théologie. Il songe un temps à rentrer dans les ordres, mais, après son départ du séminaire, il devient directeur de l’école rurale de Balessing en 1943. Après avoir complété sa formation par des études juridiques, il exerce la fonction d’agent du trésor à Yaoundé en 1945, durant une année, puis devient agent d’affaires à Ebolowa et Yaoundé, jusqu’en 1954.
Homme de loi, père de six enfants, il se voue à la cause des travailleurs et paysans du Cameroun et combat dans sa région d’origine pour la promotion culturelle dans le mouvement traditionnel nommé Anacsama.
Catholique fervent, des liens très étroits continuent à l’unir à la hiérarchie catholique, mais il se rapproche de la SFIO, parti métropolitain très actif dans le territoire. Il milite au Bloc démocratique camerounais (BDS), affilié à la SFIO. En 1952, il est élu à l’Assemblée territoriale, puis est désigné conseiller de l’Union française le 10 octobre 1953. L’année suivante, il quitte le BDS et fonde le Comité de coordination du Cameroun (COCOCAM).
À la suite des sanglants événements de mai 1955, réprimés par l’administrateur colonial Roland Pré, marqués par la dissolution des mouvements nationalistes camerounais et par l’emprisonnement massif de militants nationalistes, il mène une active campagne pour l’amnistie des prisonniers politiques. Il s’appuie aussi sur un petit bulletin ronéotypé, NKUL, Le Tam-Tam.
André Mbida se présente aux élections législatives du 2 janvier 1956 dans la troisième circonscription du territoire. Comme les socialistes, il se fait le défenseur des petits, proposant bien sûr, sur le plan économique le relèvement du prix des produits d’exportation essentiels, cacao et café, et la suppression des intermédiaires qui défavorisent les petits planteurs. Il défend encore les fonctionnaires et les chefs autochtones ou coutumiers qu’il propose de rémunérer et demande une évolution des institutions.
Sans rejeter l’Union française, pour laquelle il réclame toutefois une épuration des cadres, il revendique « un acheminement progressif du Cameroun vers son autonomie, et plus tard vers son indépendance ». Mais il défend aussi des valeurs catholiques. Il préconise ainsi la lutte « contre le laïcisme en général », écrivant « Je défendrai toujours l’enseignement privé et soutiendrai toujours que l’administration du territoire prenne à sa charge le traitement du personnel de cet enseignement ».
Il entend encore encourager la monogamie, proposant une « opposition formelle au divorce de mariages religieux ». Ayant obtenu 66 386 suffrages sur 259 984 inscrits et 158 061 exprimés, il devient le premier Camerounais « natif » à être élu député à l’Assemblée nationale française par le collège de statut personnel, après avoir battu le docteur Louis-Paul Aujoulat, qui détenait le siège depuis la Libération et avait participé à plusieurs ministères de 1949 à 1955 et qu’il a qualifié durant la campagne de « nuisible intrus ».
Le 31 janvier 1956, Mbida est nommé à la Commission de la justice et de la législation et à la Commission des territoires d’outre-mer de l’Assemblée nationale. Il appartient aussi à la Commission chargée de l’étude de la réforme du titre VIII de la Constitution française, portant sur l’Union française, et est désigné pour siéger au Conseil supérieur du travail et au Comité directeur du Fonds d’investissement et de développement économique et social (FIDES) qui finance le développement en Afrique. Il voit cette délégation renouvelée le 4 octobre 1957.
Son élection étant validée le 14 février 1956, il s’apparente immédiatement au groupe socialiste SFIO, où siège déjà un autre élu camerounais Jules Ninine, et travaille aux côtés de Gaston Defferre, de Gérard Jaquet et de Pierre Messmer qui rédigent la loi-cadre sur l’autonomie de l’Afrique Noire.
Il intervient peu à l’Assemblée, participant surtout à deux grands débats, celui qui concerne la loi-cadre en mars 1956 et celui du statut du Cameroun en mars 1957.
Désigné comme Président du Conseil, chef du gouvernement, du premier gouvernement du Cameroun, en mai 1957, André Mbida met en place l’autonomie interne du pays. De passage à Paris en septembre 1957, il présente le Cameroun comme un Etat-pilote en Afrique, justifie la tutelle conservée par la France en attendant l’indépendance complète et une place à l’ONU, et annonce que cette évolution renforce l’amitié franco-camerounaise.
Mais, il fait face à une agitation, à une crise de confiance due aux difficultés pour établir un ordre minimum, alors que la France assume encore l’essentiel de la répression, et à la montée de l’opposition.
Le 16 février 1958, il est démissionné par Jean Ramadier, haut-commissaire de la République à Yaoundé, et remplacé, le 18, par Ahmadou Ahidjo qui sera par la suite Président de la République de 1960 à 1982.
Le 20 février suivant, André Mbida rompt son apparentement avec la SFIO et fonde alors à Abong-Mbang le Parti des démocrates camerounais qu’il préside jusqu’à son décès. Durant plus d’une année, il vit en exil à Conakry en Guinée. En 1960, après l’indépendance, il est élu député à l’Assemblée nationale du Cameroun.
En 1962, André Mbida est arrêté à Yaoundé et demeure prisonnier politique jusqu’en 1965, enfermé dans le Nord-Cameroun. Cette détention provoque une dégradation physique importante et, après sa libération, il tombe malade et devient pratiquement aveugle. Il revient donc en France se faire soigner à l’hôpital des Quinze-vingt en 1966. De retour au Cameroun deux ans plus tard, il est mis en résidence surveillée à Yaoundé durant cinq années. En 1980, il connaît une nouvelle évacuation sanitaire, mais décède à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière le 2 mai 1980 où il avait été admis deux semaines auparavant
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